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MATIN BLEME
MATIN BLEME
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11 novembre 2008

LETTRE A PERSEPHONE

Mon Coeur

Je crois que cette lettre écrite il y a plusieurs mois n'arrivera jamais entre tes mains alors je la jette au vent...

Te souviens tu, Perséphone ? Te souviens tu de mon désespoir quand je te laissais partir tous les soirs chez toi sans te demander de rester dans mon repère? Te souviens tu de mon désespoir de rester seul dans cette ville sans vie puisque sans toi ? Te souviens tu, Perséphone, de ma souffrance quand je te voyais rire dans les bras des autres dieux ? Moi qui aurait sacrifié mon royaume des ombres pour t’avoir une seule fois à moi ? Tu ne dois pas t’en souvenir car tu ne me savais pas t’aimant à ce point. Je ne te le disais pas. Je croyais que cet amour qui prenait toute mon âme déborderait de moi et que tu finirais par me dire que tu l’avais reconnu et que tu allais me suivre. Quelle naïveté ont donc les amoureux!

Saches que je ne t’en ai jamais voulu et que je ne t’en veux toujours pas : comment le pourrais je? Même si rien n’a changé et même si rien ne change demain. Il y a bien longtemps que ma raison s’est transformée en désespoir. Pas quelque chose qui tue, non, c’est comme une maladie orpheline qui s’appellerait la vie sans toi.

Bien sûr moi aussi j’ai éclaté de rire dans les bras d’autres déesses. Moi aussi j’en ai aimé d’autres mais en pensant toujours à toi, comme à un sentiment de référence, comme si c’était à l’aune de cet amour que je mesurais tous les autres et tu as toujours fait partie de mes rêves.

Et après plus de trente ans je me disais que cet Amour s’était évanoui. Et quand tu m’as fait signe, il y a quelques semaines, j’étais heureux à l’idée de te revoir et sûr que ce sentiment s’était transformé en un délicat mélange de tendresse et d’amitié. Mais cet Amour que je croyais éteint était tapi en moi, comme un loup affamé, prêt à bondir de sa tanière à ton passage. Au bout de quelques échanges il est sorti de son long sommeil comme ces dragons des légendes anciennes et maintenant il me brûle et le corps et l’esprit. Oui je t’aime puisqu’il faut dire les mots et si par malheur tu venais à disparaître demain j’en serai désespéré mais je continuerai de t’aimer car je sais aujourd’hui que je t’aime pour la durée de ma vie et non pour la durée de la tienne.

Ne sois pas inquiète, Perséphone, cet Amour ne viendra pas bousculer ton univers. Je t’en parle aujourd’hui parce qu’il occupe toute mon âme et que depuis nos retrouvailles tu es partout mais je vais lui faire entendre raison, je vais lui expliquer que la seule façon de te garder c’est de te conserver pour amie et il comprendra, même s’il continue à me faire mal car l’amour est toujours douloureux. Et je ne t’en reparlerai plus jamais, tu sauras seulement que je porte toujours en moi cette espérance folle de partager un jour ton quotidien. Au moment où j’écris ces lignes, je repense à quatre vers d’Aragon

C’est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d’un trou.

C’est un idéal bien simple que le mien : te préparer le café le matin, être à tes côtés. Je pourrais même vivre près de toi sans jamais te toucher, juste te regarder dormir, écouter ton souffle régulier et ton petit reniflement de chaton que je suis le seul à entendre et je me contenterai comme disait le chanteur qui mourut jeune « d’être l’ombre de ton ombre, l’ombre de ta main, l’ombre de ton chien ».

J’espère que toi aussi tu comprendras et que je ne te perdrai pas encore une fois parce que je t’ai dit « je t’aime ». A vingt ans c’est vrai qu’on tombe amoureux sans se poser de question. Moi je portai ce sentiment comme un drapeau, une certitude et j’en ai pas eu beaucoup dans ma vie et, heureusement ou malheureusement pour moi, je ne sais, je ne me suis pas trompé.


Et là, parce que je t’ai retrouvée, j’ai, encore, la naïveté de nourrir quelques espoirs. Oh de tous petits espoirs. Te revoir, te prendre la main, effleurer tes cheveux, peut-être te serrer dans mes bras, peut-être même t’embrasser –au moins le jour de nos retrouvailles-, sentir l’odeur de ta peau : des petits bonheurs tu vois, puisque je sais depuis longtemps qu’il n’y a que çà sur terre et que c’est leur addition qui fait la vie supportable.

Dans un de nos premiers échanges , tu m’a dis que tant qu’on était vivant rien n’était définitif. Alors je suis vivant.

Pendant toutes ces années, j’ai traversé, comme chacun ici bas, des moments très sombres et « c’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ». Tu as souvent été cette lumière sans jamais le savoir.

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Commentaires
M
Ce que tu écris Vénus, me rappelle une vieille chanson de Lama où il dit ;<br /> <br /> "...une qui restera de pierre<br /> devant ces mots que d'autres espèrent..."
V
Ouah. Il en est beaucoup qui adoreraient recevoir pareille lettre...
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